Asthme professionnel aux isocyanates : étude à propos de 21 cas - 12/01/23

Les isocyanates s’inscrivent comme de puissants irritants et sensibilisants respiratoires. L’exposition professionnelle réitérée et maintenue à ces composés est l’une des premières causes d’asthme allergique d’origine professionnelle.

Les objectifs de notre étude étaient de décrire les caractéristiques socioprofessionnelles et médicales des patients atteints d’asthme professionnel aux isocyanates et d’étudier le retentissement de cette maladie sur l’aptitude médicale au travail.

Étude rétrospective portant sur les cas d’asthme professionnels aux isocyanates colligés au service de médecine du travail de l’hôpital Charles Nicolle de Tunis au cours de la période allant de janvier 2008 à juillet 2022.

Parmi 58 cas d’asthme professionnel déclarés, 36 % des cas (n=21) étaient en rapport avec l’exposition professionnelle aux isocyanates. L’âge moyen des malades était de 40,33±8,94 ans avec un sex-ratio (H/F) de 0,5. L’ancienneté professionnelle moyenne était de 13,67±6,19 ans. Le secteur d’industrie automobile était le plus représenté (n=11) suivi de celui de la fabrication des chaussures (n=2) et de la fabrication des planches de ski (n=2). Les principaux postes occupés par notre population étaient des ouvriers de contrôle qualité et de finition (n=8), des ouvriers de gainage et piquage (n=2) et des peintres (n=2). Une co-exposition aux isocyanates, aux solvants organiques et aux résines époxydiques a été relevé chez 13 cas. Une protection technique collective faite par une ventilation générale et une aspiration à la source était présente dans deux cas. L’absence de protection respiratoire individuelle a été rapportée par neuf patients contre deux cas faisant usage occasionnellement et un régulièrement. La durée moyenne d’apparition de la maladie par rapport au début de l’exposition était de 8,67±6,19 ans. Les principaux signes fonctionnels étaient la dyspnée expiratoire sifflante (21 cas), la toux sèche (n=15), la rhinorrhée (n=11) et l’oppression thoracique (n=6). Une association avec une rhinite allergique a été révélée dans douze cas. Un recours aux urgences a été rapporté par six malades avec une notion d’hospitalisation dans deux cas. Un trouble ventilatoire obstructif réversible sous bêta-2-mimétique a été trouvé chez dix salariés. Un complément d’exploration par test d’hyperréactivité bronchique non spécifique a été effectué dans onze cas revenant tous positifs. Le bilan allergologique (prick-tests et IgE totales) était positif dans sept cas. Une rythmicité par rapport au travail a été notée dans tous les cas. Une étude des postes du travail objectivant l’exposition professionnelle aux isocyanates a été effectuée pour tous les malades. Un complément d’investigation par une débimétrie longitudinale et une spirométrie étagée était réalisé dans deux cas et un cas respectivement. Une déclaration en tant que maladie professionnelle conformément aux dispositions du tableau n^o 42 (relatif aux isocyanates) de la liste des maladies professionnelles indemnisables tunisiennes a été effectuée pour tous les malades. La décision d’aptitude médicale au travail était une éviction définitive de l’exposition aux aérocontaminants respiratoires notamment les isocyanates (n=21) avec un reclassement professionnel (n=8) et un renforcement des moyens de protection collectifs et individuels (n=13).

L’exposition professionnelle aux isocyanates constitue un risque majeur d’occurrence d’asthme en milieu de travail. Ce risque doit être prévenu en mettant en exergue des mesures de prévention collectives et individuelles adaptées.